« De la littérature à soi » – Un atelier d’écriture chez François-René de Chateaubriand à la Vallée-aux-Loups

La Maison de Chateaubriand m’a demandé de concevoir et animer 8 ateliers d’écriture indépendants pour son Cycle 1 (d’octobre 2018 à mai 2019, 1 samedi par mois, le matin puis l’après-midi).

De la littérature à soi 

S’exiler en littérature pour s’ouvrir au monde

La lecture, tout comme l’écriture se trouvent curieusement être à la fois voyage intérieur et exil intérieur. On écrit seul. On lit seul. Il y a là quelque chose de paradoxal, s’extraire du monde afin de le mieux saisir… Lire, écrire, tels les deux faces d’une même pièce qui se joue à huis clos. Lire, écrire, afin de découvrir son île intérieure…

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Cet atelier est l’occasion de questionner et mettre en évidence ce qui, à travers la littérature et ceux qui la font, peut nous parler et nous ramener à nous, notre part commune d’humanité. Ce qui au-delà des différences d’époques et de circonstances, de langue, fait écho en nous et peut faire tremplin à notre propre imaginaire.

Pour ce faire, Chateaubriand est convoqué jusque dans l’exil de son tombeau de l’île du Grand-Bé, mais aussi le Napoléon Bonaparte écrivain, Daniel Defoe, ainsi que de nombreux autres auteurs, passés ou contemporains, romanciers, poètes, nouvellistes, mémorialistes, diaristes, et même compositeurs de chansons…

1 Mémoires du Grand-Bé (samedi 27 octobre)

La mort n’est-elle pas l’ultime forme d’exil ?

Et l’écriture, bien qu’elle-même exil intérieur, une tentative d’y échapper ? Une main tendue par-dessus le gouffre du temps et du tombeau ? Prolongeant en quelque sorte les « Mémoires d’outre-tombe » il s’agira de rendre visite à Chateaubriand sur le Grand-Bé, face à Saint-Malo et de se mettre à sa place. Par-delà la mort, Chateaubriand continue à écrire et nous parle de ce qu’il voit…

En campagne (samedi 17 novembre)

Profitant de la venue de  Napoléon à la Maison de Chateaubriand  à travers l’exposition « L’empire en boite » nous retrouverons celui-ci en pleine bataille. Alors que le canon tonne autour de lui, que les hommes meurent, son esprit bat la campagne. N’ayant jamais totalement abandonné son premier amour de jeunesse, la littérature, il pense au chapitre d’une nouvelle qu’il est en train d’écrire…

L’objet voyageur (samedi 15 décembre)

Exilé dans sa chambre à la suite d’un duel, Xavier de Maistre nous propose dans son « Voyage autour de ma chambre » le récit d’un voyage vertical plutôt qu’horizontal. Une déambulation dans le musée et l’exposition autour de Napoléon sera l’occasion de choisir un objet pouvant voyager dans une poche, une malle, et lui faire raconter sa vie, ses aventures et mésaventures… Le chanteur et compositeur Bernard Lavilliers pourra faire office de guide avec sa chanson « Les aventures extraordinaires d’un billet de banque… »

 4 Lettres Amoureuses (samedi 12 janvier)

Dans sa nouvelle de jeunesse « Dialogue sur l’amour » Napoléon s’adressant à son ami Des Mazis s’acharne à dénigrer le sentiment amoureux : « Je le crois nuisible à la société, au bonheur individuel… » Pourtant, quelques années plus tard, le même Napoléon écrit avec flamme : « …Vivre dans une Joséphine, c’est vivre dans l’Élysée. Baiser à la bouche, aux yeux, sur l’épaule, au sein, partout, partout ! » 

Que pourrait lui répondre l’ami Des Mazis ?

Portraits croisés (samedi 9 février)

En 1809 le peintre Girodet met la touche finale au fameux portrait de Chateaubriand, troublant par sa similitude (tel un reflet inversé) avec celui de Napoléon exécuté en 1804 par François Gérard. Napoléon devait en concevoir une grande jalousie. Mais finalement, les deux hommes qui n’ont jamais réellement su se parler de leur vivant ne poursuivent-ils pas aujourd’hui encore un dialogue posthume, par portraits interposés.

Robinsonnades (samedi 23 mars)

Dans sa nouvelle de jeunesse « Les réfugiés de la Gorgona » Napoléon met en scène un personnage qui vit en « Robinson » sur une île : « Je m’endormis dans ces idées et l’on peut croire que je m’égalai plusieurs fois à Robinson Crusoé. Comme lui j’étais roi dans mon île. »

Ce texte, ainsi que celui de Daniel Defoe, sera prétexte à imaginer une Robinsonnade rocambolesque.

Une histoire en boite (samedi 13 avril)

Nous avons tous plusieurs vies, de l’enfance à la vieillesse, qui finissent par n’en former plus qu’une seule. Tout comme un livre, sous sa couverture, contient plusieurs chapitres… Napoléon conçut le projet d’une bibliothèque portative pour ses déplacements sur le modèle des bibliothèques jacobites, des boites en forme de livre pouvant contenir plus d’une trentaine d’ouvrages de toutes sortes… Qu’en serait-il d’un texte composé à la manière de l’une de ces boites ?

Les fantômes du passé (samedi 25 mai)

Chateaubriand connut bien des exils. L’un d’entre eux fut, à n’en pas douter, sa petite chambre d’enfant sous les combles, loin de tout, au château de Combourg et le souvenir des nuits qu’il y passa. Avec pour toute compagnie le fantôme à la jambe de bois qui claudiquait dans les courants d’air et le chat noir emmuré derrière les pierres froides…

Mais si les fantômes nous hantent, ne sont-ils pas eux-mêmes hantés ?

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Lien vers le site de la Maison de Chateaubriand

et le

Carnet de bord de l’atelier 

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